SONY DSCLe 27 janvier 1945, l’Armée Rouge découvrait le camp d’Auschwitz-Birkenau… 7000 survivants.
Le 27 janvier 2015, seuls 102 survivants assisterons à la commémoration du 70ème anniversaire de la libération du camp.

Le Congrès Juif Mondial à invité les rescapés juifs d’Auschwitz à la célébration du 70e anniversaire de la libération du camp le 27 Janvier 2015,SONY DSC

Pour mon père l’objectif était d’abord de retrouver des compagnons. Sur les 102 survivants présents, 8 seulement étaient français, les autres venaient de l’Europe, des USA et d’ Israël . Chacun d’eux était accompagné d’ un enfant, d’un petit enfant ou encore d’ un ami. L’accueil à l’arrivée était attentif,

A l’hôtel, mon père, à l’image des autres, a arpenté le lobby attendant les nouveaux arrivants, avec cet immense espoir de retrouvailles.

En fin d’après-midi, Steven Spielberg, auquel on doit l’admirable « Liste de Schindler » a évoqué la montée de l’antisémitisme en Europe et rappelé très vigoureusement que : « Antisémites, extrémistes radicaux et fanatiques religieux commettent de nouveau des crimes ». Chaque participant sensible à son discours a voulu le saluer, lui parler, le remercier. Mon père malgré la cohue a réussi à l’approcher et à lui dire qu’il aimerait lui offrir son livre.

Au moment du dîner, il y a eu de belles et émouvantes rencontres, des échanges d’importance au centre des conversations menées en plusieurs langues.

La journée de la cérémonie fut longue et la tension palpable. Certains se retrouvaient à Auschwitz pour la première fois depuis la libération du camp et chaque observateur pouvait lire sur les visages fermés la souffrance des souvenirs douloureux, les sentiments d’angoisse qui agitaient ces survivants de retour sur le lieu de leur supplice. Un immense chapiteau de toile blanche avait été dressé à l’entrée du site de Birkenau au dessus même des rails qui conduisaient au néant. A l’extérieur le sol était recouvert d’une épaisse couche de neige… il faisait froid, si froid à l’intérieur de l’esprit de ces femmes et de ces hommes revenus de l’enfer, sans qu’ils comprennent encore pourquoi.

Pendant la cérémonie, alors que les Chefs d’ Etats allaient allumer les bougies mémorielles, papa a pu approcher Monsieur Spielberg et tenir sa promesse de lui remettre son livre « Ces mots pour Sépulture »

Au retour, dans le bus qui nous ramenait à Cracovie, alors que tout était calme et que chacun revivait intérieurement cet « étrange retour » ; une jeune femme qui accompagnait une rescapée, à demandé le micro pour déclarer simplement :

« Je m’appelle Olga, je suis allemande, je ne suis pas juive et je vous demande pardon…. Je vous fais la promesse que, tant que je vivrai, je viendrai à Auschwitz chaque année le 27 janvier ».

L’émotion alors à son comble a gagné tous les passagers qui l’ont applaudie, prise dans leurs bras et embrassée encore.

A ce moment là, j’ai su que ce voyage était une réussite pour mon père, et pour moi, même si son espoir de retrouver des compagnons fut déçu.

Linda ORENSTEIN