Texte écrit par

Juliane DUPERRAY,

élève de 1ère L au lycée Ampère et lu par Maxime

 

La libération des camps.IMG_8817

Des regards vides, dénués d’émotion s’égarent parmi la foule.

Le bruit incessant bourdonne autour de leurs visages amaigris.

Leurs pieds se traînent sur les pavés de leur ville. Civilisation ?

La libération des camps.

Leurs doigts cherchent la pioche qu’ils ne trouvent pas.

Leurs dos attendent le coup qui ne vient pas.

Leurs oreilles guettent le bruit de pas décidés derrière eux.

La libération des camps.

Des images tournent en continu dans leur crânes creux, interdisent l’oubli, imposent la peur et le désespoir.

La libération des camps.

La glace habite leur cœur. Cette glace qui gelait leurs pieds estropiés et qui rongeait leur âme.

Le silence s’est emparé de leur esprit. Ce silence qu’ils ne devaient jamais briser.

La co1ère et l’incompréhension hantent a moindre de leurs cellules. 1ls ne pardonneront pas.

Ils ne peuvent pas.

Assis à nouveau près de ses proches survivants, dans la chaleur du foyer, l’humain observe.

La tapisserie recouvre les murs, le fauteuil l’accueille entre ses bras confortables, la couverture de laine l’enveloppe dans un halo de douceur, la tasse réchauffe ses mains tremblantes, la lampe éclaire l’enfant qui joue à ses pieds.

Recroquevillé dans cette pièce oubliée, 1es épaules voûtées par les coups et la violence des mots qu’il ne comprenait pas, l’animal observe.

Ses yeux hagards courent le long de son corps ­meurtri, des entailles qui déchirent la peau sèche et de ses muscles crispés sous cette enveloppe de verre. Plus profondément encore, l’humain devenu bête écoute l’oiseau qui palpite au fond de lui. Peut-il redevenir celui qu’il a été ? Peut-il oublier la haine qui l’écrasait, la violence qu’il subissait, la peur qui l’assaillait ?

Peut-il oublier cette injustice meurtrière ­inexplicable ? Peut-il réapprendre à vivre ?

Les tremblements s’emparent de son corps contracté. Les larmes ne coulent plus. Trop ont

été versées. L’homme ne regarde plus. Il écoute. Il s’écoute. Puis faiblement, il sourit.

Oui, il en est capable. Si l’Humain a été capable du pire, Il sera capable du meilleur.

Libération des camps, libération de l’âme,

Nouveau départ.