Le Hongrois Sandor Kepiro, 97 ans, considéré comme l’un des derniers criminels de guerre nazis présumés encore vivants, a été acquitté de l’accusation de complicité de crimes de guerre en Serbie en 1942, notamment contre des juifs, lundi par le Tribunal de Budapest.

Le Parquet avait requis une peine de prison ferme, tandis que la défense avait plaidé l’annulation du procès ou l’acquittement.

Ce verdict illustre la difficulté historique de juger plus de 65 ans après les faits des hommes extrêmement âgés, accusés de crimes de guerre pour lesquels la justice ne dispose pratiquement pas de témoins ou de documents fiables.

En mai, un tribunal de Munich (sud de l’Allemagne) avait condamné un apatride d’origine ukrainienne, John Demjanjuk, âgé de 91 ans, à cinq ans de prison pour son rôle au camp d’extermination nazi de Sobibor (Pologne), mais ce dernier a fait appel.

C’est le président du Tribunal de Budapest, le juge Béla Varga, qui a annoncé le verdict, l’audience se poursuivant par la lecture des attendus, laquelle pourrait se prolonger jusqu’à mardi matin.

Sandor Kepiro était accusé de complicité de crimes de guerre commis lors d’une rafle entre les 21et 23 janvier 1942 à Novi Sad, territoire aujourd’hui serbe, alors annexé par la Hongrie, alliée de l’Allemagne nazie: au moins 1.200 civils, juifs et serbes, avaient péri lors de ce massacre. L’accusé, qui a toujours clamé son innocence, répondait personnellement de la mort de 36 personnes dont il aurait ordonné l’exécution, selon l’accusation.

Lors du procès, des historiens, appelés à la barre comme experts, avaient relevé que des documents sur lesquels se basait le Parquet étaient incomplets ou issus de mauvaises traductions.

Indépendamment de ce verdict d’acquittement, la procédure judiciaire devrait se poursuivre, car s’agissant d’un procès de « prestige » pour le Parquet comme pour la défense, l’accusation est susceptible de faire appel, avait estimé avant le verdict l’avocat de Sandor Kepiro, Zsolt Zétényi,qui espère que son client survivra au long processus judiciaire.

Tout au long du procès, ouvert le 5 mai, Sandor Kepiro était apparu fatigué, ce qui avait amené le juge Béla Varga à limiter les audiences à seulement deux ou trois heures par jour et à les espacer de plusieurs jours. Lundi, immédiatement après l’énoncé du verdict, visiblement épuisé, il a quitté le tribunal et s’est fait ramener chez lui, sans faire la moindre déclaration.

Le Centre Simon Wiesenthal avait placé Sandor Kepiro en tête de sa liste d’anciens nazis les plus recherchés. Son dirigeant, Efraim Zuroff, avait retrouvé sa trace à Budapest en 2006.

En 1944, Sandor Kepiro avait déjà été condamné à 10 ans de prison par un tribunal militaire, mais la décision avait été annulée par les autorités de l’époque. En 1946, il avait été condamné par contumace à 14 ans de prison par un tribunal du régime communiste.

Sandor Kepiro n’ a jamais purgé de peine : à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il s’était enfui en Argentine où il est resté plus d’un demi-siècle avant de revenir en 1996 dans sa patrie.