Je profite de l’espace qui m’est offert pour écrire quelques lignes sur un sujet qui me tient
particulièrement à coeur. Il est de coutume de dire depuis plusieurs années que la France n’est pas antisémite, mais que des actes antisémites y sont commis. C’est vrai.

Plus délicate en revanche est la définition que l’on attache à ces fameux actes. Il y a bien d’un côté les délits plus ou moins violents répertoriés par le ministère de l’Intérieur : insultes, agressions, incendies de synagogue, profanations. Tous ces faits de rue sont connus et font régulièrement l’objet de condamnations unanimes. Rien de plus normal, rien de plus facile. Mais il y a également d’un autre côté, les délits plus insidieux, qui prêtent à davantage de confusion, et donc à davantage de tolérance. Le premier d’entre eux, qui tient le haut du pavé en France depuis plusieurs années, est la désinformation concernant Israël.

L’antisionisme qui y est attaché n’est rien d’autre que le masque de l’antisémitisme traditionnel. S’en prendre avec autant de violence et de pugnacité à Israël ne revient à rien d’autre qu’à atteindre l’ennemi de toujours, le Juif. Si ce n’est directement, à travers le doigt
pointé, ce sera indirectement, à travers l’impact de telles pratiques sur l’opinion publique. Exemple le boycott de produits en provenance d’Israël prôné par celui qui « nous indigne » et les manifestations contre la direction l’ENS de la rue d’Ulm qui annule une manifestation le concernant prévue dans l’école. Cette fois, ce n’est plus l’antisémitisme d’extrême droite qui revoit l’histoire pour remettre en cause les crimes nazis, mais l’antisémitisme islamique et présent dans une certaine gauche, qui revoit l’histoire pour mieux remettre en cause l’existence et la légitimité de l’Etat d’Israël. Il s’agit là de la forme

la plus extrême de la désinformation qui sévit actuellement et depuis plusieurs années. La pratique d’un tel révisionnisme historique n’a pourtant rien de fondamentalement différent, ni dans ses méthodes, ni dans ses cibles, ni dans ses conséquences, de celles des dirigeants de notre parti d’extrême droite qui suscitent tant de réactions. Les deux faces d’une même médaille. Celle de la haine
viscérale du Juif. Dans un cas, on veut effacer son histoire, dans l’autre, on veut stopper son avenir.

Mais il existe une autre forme, plus grave encore : le révisionnisme. Si la désinformation se contente au mieux d’agir sur la seule
présentation des faits ou au pire sur le mensonge par omission, le révisionnisme, ou sa forme la plus accomplie, le négationnisme, se
charge de transformer sciemment la vérité. La première se concentre généralement sur Israël à travers la politique, la seconde sur la Shoah par le biais de l’idéologie. Dans les deux cas, la cible est certes le Juif mais ils diffèrent, tant pour ce qu’ils représentent que pour ce qu’ils véhiculent. Israël, c’est le présent vivant et l’avenir plein d’espoir : l’attaquer, c’est laisser quand même la possibilité aux Juifs d’aujourd’hui de se défendre. La Shoah, c’est le passé le plus monstrueux et l’histoire la plus douloureuse : la remettre en
cause, c’est non seulement souiller la mémoire des six millions de morts juifs, mais aussi se protéger contre toute réaction de leur part. La lâcheté absolue ; la barbarie suprême. L’histoire de France, est jalonnée par les phrases des révisionnistes, elles apparaissent et disparaissent à intervalles réguliers, et elles sont généralement le fait de l’extrême droite la plus traditionnelle. Rappelons-nous que l’antisémitisme d’extrême droite n’est pas mort.