Dans le sillage de quelques esprits brillants, parmi lesquels il faut citer les professeurs Emmanuel Levinas, André Neher et Jean Halperin et nous inspirant de leur exemple, Solange Lévy, Claude Lévy et David Barré ont organisé à Lyon, en octobre 2002, le premier colloque des intellectuels juifs en région, sur le thème « la pluralité des judaïsmes conduit-elle à l’unité du peuple juif ?  Après 5 autres colloques le dernier eu lieu le dimanche 4 novembre 2012, le 6ème colloque, « Le rêve ». Tous ont rencontré un grand succès ;

Ce que, pour ma part je trouve remarquable dans ces réunions, c’est la convergence qu’elles révèlent entre des esprits partis d’horizons géographiques et psychologiques différents, c’est le rassemblement des esprits isolés qui s’opère ainsi. Notre commune origine nous unit moins que les pensées qui nous appellent. Peut-être cette rencontre des femmes et des hommes de pensées prépare-elle l’union nécessaire entre personnes d’action. Peut-être le jour est-il proche où les organisations juives de toutes tendances et de toutes finalités comprendront elles-mêmes, comme les intellectuels qui les précèdent, que le patrimoine du judaïsme est, à côté de l’Etat d’Israël, la garantie la plus sûre de la persistance du peuple juif qui est préposé à ce patrimoine et dont l’humanité toute entière a besoin.

Pouvoir manipuler le rêve, faire de la magie, de la politique, c’est s’assurer un contrôle permanent sur le comportement des individus du groupe. Ensuite, le rêve provoque des affects très puissants, capables de mobiliser les individus au moins autant que les réflexes d’obéissance au leader. Enfin, l’évolution des systèmes, biologiques ou sociaux, travaille toujours sur les acquisitions les plus récentes ; et la maîtrise du rêve est une acquisition très originale, une solution élégante au problème de la coexistence fonctionnelle des acquits instinctuels et des nécessités sociales. Il n’est pas très étonnant que le saut du primate à l’homme se caractérise par une extension considérable de l’imaginaire. L’imaginaire, si l’on y inclut l’imagination rationnelle, scientifique et technique, semble pour l’instant un domaine quasiment illimité, seule source du changement et de l’évolution. Le rêve détermine les choix qui engagent la vie de l’individu et du groupe. Il y a bien sûr une tradition du rêve, une initiation : on ne « rêve » pas n’importe comment ; on en fait pas rêver n’importe comment. Le rêve individuel se modèle forcément sur le rêve collectif du groupe. Il n’y a aucun « progrès » humain qui ne découle directement de cette canalisation de l’imaginaire dans des voies « constructives ». La socialisation partielle du domaine privé, auto-stimulant, du rêve, et sa transformation en rêve, stimulation collective et partagée, est la base essentielle qui permet l’édification des sociétés humaines. L’ « humanité » est un projet de l’imagination. Si notre époque connaît une angoisse, c’est bien celle où apparaissent des formes d’organisation de la société dans lesquelles il n’y aurait plus de « rêve », des sociétés « froides » régies uniquement par des règles logiques, voire absurdes. L’homme en société a besoin d’enthousiasmes, de rêves collectifs, même si après coup, ils paraissent complètement fous. S’il n’y a plus de rêve commun, le corps social risque fort de disparaître. Une administration n’a jamais fait une société                                                                                                                 David Barré