J’avais un jour fait une promesse à un homme, celle de transmettre sa mémoire ainsi que celle de tous ceux qui avaient malheureusement eu à parcourir un effroyable chemin durant la triste époque de la Seconde guerre mondiale. L’époque où l’enfer était sur terre, dans des camps de concentration et d’extermination. Cet homme s’est vaillamment battu toute sa vie. D’abord pour en revenir, puis pour en finir. Revenir de l’enfer concentrationnaire nazi, en finir avec l’antisémitisme. Parce que notre devoir de Mémoire n’implique pas seulement le souvenir mais aussi l’action, il appartient à chacun d’entre nous aujourd’hui de continuer le combat de ceux qui nous ont permis d’être encore de ce monde aujourd’hui.

J’ai eu récemment à mettre en pratique l’enseignement de cet homme. Je savais qu’il y avait encore beaucoup de travail à accomplir, que l’Histoire n’avait pas réussi à guérir certaines personnes de leurs pensées diaboliques. Lorsque ces pensées sont le fruit de l’ignorance, il paraît aisé d’y faire face et de les exorciser par l’éducation. Mais lorsqu’elles sont le fruit de l’ignorance, de l’ineptie et de la haine réunies, nous peinons à les vaincre malgré toute la hargne avec laquelle nous nous efforçons d’accomplir notre tâche. J’en fût malheureusement témoin récemment.

Nous sommes le lundi 16 janvier 2012, un jeune militant d’SOS Racisme, et moi-même, militante au sein de l’Union des Étudiants Juifs de France, intervenons en tant que médiateurs dans un collège du XIX e arrondissement de Paris, dans le cadre du programme Coexiste. Notre mission, débattre avec des jeunes de 13-14 ans sur un sujet sensible: le racisme, la discrimination. Nous aborderons avec eux plusieurs thèmes, relatifs entre autres, aux femmes, aux Roms, aux handicapés, aux noirs, aux arabes, aux juifs,… .

Sur les feuilles que nous leur avons donné afin qu’ils notent ce à quoi leur faisaient penser ces mots, le nom « Juif’ n’est qu’un mot parmi d’autres. Mais un mot qui déchaînera d’avantages certains esprits au point que nous nous y attarderons davantage lors du débat.

Les questions, et les affirmations de certains élèves fusent: « Et d’abord, pourquoi Hitler voulait tuer les juifs?! Ce n’est pas pour rien! », « Pourquoi tous les juifs ont des super métiers? »,

« Pourquoi les juifs ont leurs écoles privées et ont des bus gratuits qui leur sont réservés? »,

« Les Juifs sont riches. », « Les juifs sont des radins», «Les juifs se la pètent! ».

J’essaie de garder mon calme, de répondre à ces questions, absolument aberrantes à mes yeux. Dans un bruit et une agitation extrême, de crainte que mes réactions, mes réponses à ces affirmations, ces questions, ne soient pas entendues, j’élève la voix tout en circulant dans la classe, faisant maints et maints allers-retours, du tableau vers le fond de la salle afin que chacun entende ce qui me paraît essentiel. Je suis effarée par ce que j’entends. Tout est prétexte à pointer négativement du doigt la population juive. Stupéfaction face à ces affirmations que je n’aurais pu imaginer.

Ce qu’ils me crient n’est pas totalement faux mais déformé et généralisé. Et c’est cela qui m’importune.

Et bien oui, il existe des établissements scolaires pour les juifs, comme il en existe pour les musulmans et les chrétiens! « Ah bon? Je ne savais pas qu’il y en avait aussi pour nous. », me répond un adolescent de confession musulmane. « Oui «lui répondis-je, « et ces établissements sont payants, et les navettes qui y conduisent les élèves ne sont pas gratuites. Non, la ville ne finance pas des transports réservés aux juifs. »

L’ignorance de certains adolescents semble être à l’origine de leur jalousie et de leur animosité envers les juifs. Une jalousie que nous parvenons à calmer en expliquant les choses.

Voilà quelques esprits apaisés. Malheureusement pas tous. Que faire? Je vais tenter de leur répondre avec objectivité. « Bien sûr il y a des juifs riches, des juifs radins, des, juif  hautains, provocateurs, des juifs ayant des situations professionnelles prestigieuses. Mais être juif, ça ne signifie pas être ainsi. Certes, il y a des juif  comme ça, mais pas plus qu’il y a de non juifs comme ça. Et il y a des juifs qui sont tout le contraire de cela. » Pour leur donner un exemple, je leur dis que selon Hitler, les juifs se reconnaissaient entre autre par leur grand nez crochu. Je leur désigne ironiquement le mien qui est tout le contraire. Ça les fait sourire, j’espère surtout que ça les fait réfléchir.

Je repartirai de cette classe, consternée. Je me dis qu’il y a sûrement beaucoup d’autres classes comme celle-ci. Nous ne parvenons pas à ôter de l’esprit de certains leur répulsion envers les juifs. Combien de milliers, de millions de personnes pensent ainsi? Et comment faire quand, même avec l’éducation, les mots ne parviennent pas à faire évoluer les mentalités. Le combat est considérable, et je n’en vois pas le bout. Mais parce que, ne serait-ce quelques oreilles,  auront été attentives à ce que nous avons voulu transmettre,  je n’ai pas envie de baisser les bras.

Durant des siècles, l’ignorance a entraîné la jalousie, la jalousie a entraîné la haine et la haine un des plus grands génocides que toute l’histoire de l’humanité ait connue. Alors plus les générations seront éduquées, moins il y aura d’aversion envers les Juifs. Moins la haine sera présente dans les esprits de certaines personnes, moins elle parviendra à répandre le mal. Si l’on ne peut espérer mettre un terme à l’antisémitisme, nous pouvons au moins le freiner                                                                                                                    

L’ignorance de certains adolescents semble être à l’origine de leur jalousie et de leur animosité envers les juifs. Une jalousie que nous parvenons à calmer en expliquant les choses.

Voilà quelques esprits apaisés. Malheureusement pas tous. Que faire? Je vais tenter de leur répondre avec objectivité. « Bien sûr il y a des juifs riches, des juifs radins, des, juif  hautains, provocateurs, des juifs ayant des situations professionnelles prestigieuses. Mais être juif, ça ne signifie pas être ainsi. Certes, il y a des juif  comme ça, mais pas plus qu’il y a de non juifs comme ça. Et il y a des juifs qui sont tout le contraire de cela. » Pour leur donner un exemple, je leur dis que selon Hitler, les juifs se reconnaissaient entre autre par leur grand nez crochu. Je leur désigne ironiquement le mien qui est tout le contraire. Ça les fait sourire, j’espère surtout que ça les fait réfléchir.

Je repartirai de cette classe, consternée. Je me dis qu’il y a sûrement beaucoup d’autres classes comme celle-ci. Nous ne parvenons pas à ôter de l’esprit de certains leur répulsion envers les juifs. Combien de milliers, de millions de personnes pensent ainsi? Et comment faire quand, même avec l’éducation, les mots ne parviennent pas à faire évoluer les mentalités. Le combat est considérable, et je n’en vois pas le bout. Mais parce que, ne serait-ce quelques oreilles,  auront été attentives à ce que nous avons voulu transmettre,  je n’ai pas envie de baisser les bras.

Durant des siècles, l’ignorance a entraîné la jalousie, la jalousie a entraîné la haine et la haine un des plus grands génocides que toute l’histoire de l’humanité ait connue. Alors plus les générations seront éduquées, moins il y aura d’aversion envers les Juifs. Moins la haine sera présente dans les esprits de certaines personnes, moins elle parviendra à répandre le mal. Si l’on ne peut espérer mettre un terme à l’antisémitisme, nous pouvons au moins le freiner.                                                            Laurie Chevallier.