Forwerts : éditorial du 27 janvier 2012
Il semble bien que le sujet de l’antisémitisme et plus particulièrement en Europe n’est pas prêt de disparaître de l’ordre du jour aussi bien dans le domaine de la politique que de la vie de tout un chacun. Le retentissement de la guerre entre Rome et Jérusalem qui a commencé à l’époque de l’Empire Romain, ne s’éteindra jamais ; et peu importe le nombre de Juifs qui vivent aujourd’hui en Europe et la place qu’ils occupent dans les divers pays européens. Le mythe l’emporte sur la réalité. Les gouvernements européens de concert avec les communautés juives locales et de riches donateurs, consacrent des sommes énormes pour édifier et entretenir les musées de la Shoah, les lieux de commémoration, les centres d’études sur l’extermination des Juifs et sur l’antisémitisme. Il y a deux ans, par exemple, un grand centre consacré à la Shoah du nom de : « Infrastructure Européenne de Recherche sur la Shoah » a été inauguré à Bruxelles. Cette inauguration s’est faite en grand pompe avec d’édifiants discours sur les buts et les tâches de cette institution, créée dans le cadre de « l’Institut Néerlandais de Recherche sur la Deuxième Guerre Mondiale ».
Il n’y a aucun doute que tous ces efforts des chercheurs aboutiront à d’importants résultats. Mais seulement dans le domaine de la théorie. Mais à l’extérieur la réalité est tout autre.
Précisément dans cette même Belgique où à Anvers il est très dangereux de vouloir mener ouvertement une vie religieuse, tout particulièrement pour les hassidim du lieu. Ils sont souvent agressés, soit verbalement soit physiquement par leurs voisins musulmans, qui se sont répandus dans les villes européennes.
Prenons le cas de l’Espagne, un pays d’une vieille tradition antisémite qui a conduit à la terrible « Expulsion d’Espagne ». Aujourd’hui les Juifs qui y vivent ne représentent que 0,2% de toute la population. Mais tenez vous bien : dans le sondage de fin septembre dernier, 52% des étudiants à Madrid ont répondu  « Ne pas vouloir se trouver assis à côté d’un Juif » ; et 58% des citoyens adultes sont certains que « les Juifs sont trop riches et ont trop de pouvoir ».
La « Fédération des Communautés Juives d’Espagne » a précisé que cette statistique ne fait que confirmer combien est préoccupant ce haut niveau de haine envers les Juifs dans la société espagnole ; mais le gouvernement ne s’en soucie nullement.
A Genève, le Centre-Ville a été placardé d’affiches  antisémites, à l’image de la couverture du livre antisémite « La Mafia Juive », où l’auteur Hervé Rien « révèle » au monde que c’est précisément la « mafia juive » qui est responsable du commerce mondial des armes et se trouve derrière les meurtres commandités, la répartition des narcotiques, la prostitution, les jeux de hasard, l’industrie pornographique, les kidnappings et encore et encore…L’on ne s’étonnera pas que l’auteur de ces soi-disant « manuscrits scientifiques » est un extrémiste enragé du nationalisme français.
En ce concerne l’Allemagne, nous avons dans un éditorial antérieur, déjà décrit en détail le genre d’antisémitisme qui règne là-bas parmi l’extrême droite. Mais d’une façon générale un citoyen allemand sur cinq est un antisémite latent.
La situation en Arménie qui ne compte qu’un millier de Juifs  est  tout-à fait surprenante. Les Arméniens, victimes du génocide de 1914-1915 par les Turcs, se sont révélés  dernièrement être de farouches antisémites. Ainsi par exemple il y a un an le mémorial en souvenir du « Génocide Arménien et de l’Extermination des Juifs » a été profané. Les vandales l’on recouvert de croix gammées brunes. Ce mémorial a été édifié à l’initiative et avec le financement de la petite communauté juive de la ville de Erevan en 2006.
Nous pourrions remettre à plus tard la suite de la liste des déferlements antisémites mais cela ne la diminuerait malheureusement pas pour autant.
Du journal « FORWERTS » Traduit du Yddish par Armand Rafalovitch.