Très rapidement après la demande d’armistice de juin 1940, le territoire français est entièrement sous le contrôle de l’armée allemande : le gouvernement créé par les accords germano-français accepte le partage du pays en 2 parties ; au nord de la Loire, la zone régie par l’occupant, au sud la zone dite libre ou non occupée. (En argot à l’époque surnommée zone NONO). Territoire d’un état-croupion qui mettra son organisation aux ordres des Allemands.

Dès juillet 1940 un « STATUT DES JUIFS » est rédigé sous l’entière responsabilité du gouvernement de Vichy.

Notez que tous les ministres français sont mobilisés pour le constituer, y compris un nommé Cazeaux, ministre de l’agriculture, ce gouvernement dont on se demande, vu le nombre restreint d’agriculteurs exerçant leur métier,

quelle importance et quelles compétences ils peuvent apporter dans un problème qui tient plus de l’antisémitisme que de l’économie qui fut le prétexte à l’action des maîtres du nouvel état. La persécution des Juifs s’exerce dans tous les domaines.

Le premier statut des Juifs est complété, c’est l’occasion d’un recensement et d’une série d’interdictions qui leur supprime les droits inhérents à la qualité habituelle de Français, et leur supprime toute activité économique et sociale. Un couvre-feu ne leur permet plus de quitter leur département de résidence sans autorisation spéciale de motivation après 20 heures. De plus la disponibilité d’un compte bancaire, d’un téléphone, d’un poste de TSF, d’une bicyclette, de voyager (à Paris) autrement que dans le dernier wagon du métro ou la plate- forme arrière des autobus. Interdiction aussi d’entrer dans un café, une salle de spectacle, un jardin public.

C’est en 1941 que les premiers camps d’internement pour Juifs sont créés et mis en service. Les forces de police sont mises à la disposition des occupants pour les rafles, les arrestations et la « mise à leur disposition » de futures déportations avant leur envoi vers les camps d’extermination des Juifs en Pologne. Ces convois, théoriquement, ne concernent que les Juifs non français, alors que ce qui est mis en place concerne toutes les victimes à venir.

En 1942 la population de ces lieux d’internement s’élève à 10765 hommes, femmes et enfants.(étrangers indésirables) Mais les Allemands prévoient 40 000 départs dans cette année cruciale.

Le 7 juin tous les israélites sont astreints à porter sur leurs vêtements, bien visible, une étoile jaune de la grandeur de la paume de la main sur laquelle le mot « juif » en caractères simili-hébraïques permet de les repérer de loin ; ceci à partir de l’âge de 6 ans. Le premier convoi pour Auschwitz partira quelques semaines avant cette date, c’est-à-dire le 27 mars. Les 6 derniers mois de l’année seront les plus douloureux pour la communauté juive.

Les 16 et 17 juillet les rafles regroupent à Drancy et au Vel d’Hiv à Paris, 13152 juifs (dont 4115 enfants) arrêtés par la police française dans la région parisienne et des centaines de juifs sont internés provisoirement sous la garde des gendarmes et des agents de police français.

Du 7 Août au 23 octobre, en provenance des lieux de rassemblement de la zone sud, 17 convois prennent la direction de Drancy avec 10500 prisonniers. Les autres s’étaient dispersés ou avaient trouvé asile dans la mi-France du Sud, on a noté que des non-juifs ont protesté contre des mesures inhumaines qui « déshonoraient le pays ». De juillet à août, alors que les païens  remplissent les wagons à bestiaux, leurs enfants sont abandonnés dans les camps de Pithiviers et de Beaune la Rolande. Il faudra attendre pour que Berlin donne son agrément à leur déportation ! 2 adultes par groupe de 10 enfants. Des documents retrouvés, les préfets déduisaient le total des arrestations. On sait, par exemple, que sur 14 000 prévues, 12608 furent réalisées. Novembre 1942 les Américains et leurs alliés débarquent en Afrique du Nord; en réaction les Allemands occupent le restant du territoire français. Ce sera le début de l’opération qui amènera la libération des France(s) occupées. Dans les mois les plus cruels, Entre le 27 Mars et le 11 Novembre 43 convois, 41951 Juifs partent pour Auschwitz dont plus de la moitié seront gazés à l’arrivée. Le quota d’assassinats programmé par les SS sera atteint avant la fin de l’année 1942.

Colette Zederman et Charles Baron