Cérémonie du 16 Juin 2018 à 10h.00
Allocution en réponse introductive au discours de dévoilement du buste de Louis BRUN

« Je ne vais pas revenir à nouveau sur le parcours de mon père, si ce n’est pour vous exprimer ma gratitude, que je sais partagée avec ma famille ; envers vous Mr SOURICE, qui venez de l’évoquer si magistralement.
Vous voudrez bien également transmettre mes remerciements à Monsieur le Directeur Lucien POURAILLY qui, retenu par un impératif de dernière heure, m’a fait part de ses regrets de ne pouvoir être parmi nous, ainsi qu’aux Officiers de Police qui nous ont reçus : Messieurs BURGADA, RAY, CARROT et SANIEZ.
Je voudrais aussi exprimer toute ma reconnaissance à deux autres belles personnes qui ont porté ce projet depuis son origine ;
je sais qu’ils vont me disputer parce que leur modestie n’a d’égale que leur dévouement aux belles causes, alors Merci Monsieur le Commissaire Divisionnaire Sébastien SARTI, et Merci Monsieur le Procureur Général honoraire Olivier VIOUT pour vos appuis respectifs, et Merci à nouveau Mr POURAILLY pour avoir accueilli spontanément ce projet qui, au-delà d’une reconnaissance que vous avez bien voulu accorder aux états de service d’un policier exemplaire, se veut un hommage rendu à l’ensemble des forces de Police qui œuvrent avec courage et sans relâche et bien souvent … trop souvent … dans des conditions difficiles à notre sécurité et à la protection de nos biens !
Je serais un fils oh combien ingrat si j’omettais de joindre à cet hommage celui du à notre Maman, car s’il est un adage bien connu qui nous dit que derrière chaque grande carrière masculine se cache une femme, et bien, et je parle sous le contrôle de ma sœur ici présente, notre Maman fut l’une de ces femmes remarquables !

En effet, en épousant un policier, une femme de flic se voit épouser de facto conjointement ce second foyer qu’est la Police, avec ses horaires imprévus, ses nuits d’absence et cette angoisse quasi permanente.
Notre Maman fut d’autant plus remarquable qu’elle a réussi à nous épargner, ma sœur et moi ; car si nous étions fiers devant nos copains et copines d’école de pouvoir faire étalage d’un père qui coursait les voleurs … nous n’avons découvert qu’une fois devenus adultes, et notamment par des coupures de Presse soigneusement conservées, combien son métier-passion l’avait amené courageusement à prendre des risques considérables en luttant contre le grand banditisme, mais aussi en traversant les années OAS et jusqu’aux évènements de Mai 68 où, à LYON, le commissaire LACROIX devait perdre la vie…
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Cette date du 16 Juin et ce lieu ne doivent rien au hasard, puisque la première coïncide au plus près avec le 15 Juin, date de son anniversaire de naissance ; et le second nous a semblé le plus adéquat, puisque ce bel espace d’accueil, inséré dans cette magnifique réalisation architecturale alliant l’ancien et le contemporain, voit passer tout au long de l’année un nombre considérable de policiers pour des stages de formation, ainsi que des jeunes en journées découverte.
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Nous avons compris, Monsieur le Directeur en vous écoutant, et je vous le confirme, que le fil conducteur de toute la vie de mon père fut de rester « un homme DEBOUT !»
DEBOUT dès l’âge de 18 ans en s’engageant volontairement contre les ennemis de son pays, puis DEBOUT à nouveau contre le fascisme, le totalitarisme et la barbarie nazie, et enfin DEBOUT encore contre la corruption ; au péril de sa vie tout d’abord, au péril de sa carrière ensuite !
Jamais il n’acceptera de courber l’échine, et aujourd’hui il a rejoint toutes celles et tous ceux qui, comme lui, ont refusé de céder à la fatalité ou à la facilité, et qui ont permis aux grandes valeurs de cette France que nous aimons tant de triompher de ceux qui voulaient l’anéantir.
J’avais souhaité vous rassembler, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, et je vous remercie d’avoir répondu positivement en si grand nombre, car, dans le respect de nos différences, je savais que vous accepteriez que nous nous retrouvions autour de ce socle commun immuable que fut l’engagement citoyen de Louis BRUN ; puisque vous êtes de ceux qui perpétuent aujourd’hui les valeurs qui furent les siennes, au travers de vos engagements divers d’élus de proximité, mais tout autant dans vos actions d’enseignants, de militants, de simples citoyens ou de passeurs de mémoire :
Et à ce titre, lors de mon accueil protocolaire j’avais mentionné que j’allais vous préciser la présence parmi nous, ce qui est un grand honneur, de plusieurs rescapés des camps d’extermination nazis.
Je remercie tout d’abord Benjamin ORENSTEIN – Président d’Honneur de l’Amicale des rescapés d’Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute Silésie, qui seul survivant de sa famille assassinée, a survécu à l’enfer de 7 camps successifs avant d’en être libéré et qui, natif de Pologne, a choisi de devenir ensuite, selon sa propre formule si belle et si émouvante « un français de préférence » !!
Je voudrais aussi remercier Claude BLOCH ; vous qui avez vécu ce même enfer concentrationnaire d’Auschwitz après avoir été arrêté à 15 ans, avec votre maman et votre grand-père, par le sinistre Paul TOUVIER lui-même … ce qui a créé entre nous des liens si particuliers !!
Je ne voudrais pas non plus vous oublier, André LAROCHE, grand résistant du célèbre réseau COMBAT, vous aussi déporté dans cet autre enfer souterrain que fut DORA, là où se fabriquaient les V2 … pas plus que vous, Jean NALLIT, résident à présent à Caluire et qui, avant d’être dénoncé, torturé puis déporté avez réussi à fabriquer plus de 30.000 faux papiers ; vous qui vous êtes vu reconnaitre «juste parmi les nations » et qui m’avez assuré être de tout cœur avec nous à défaut de n’avoir pu vous vous déplacer aujourd’hui.
Je vais vous demander, Messieurs, de bien vouloir acceptez de vous lever afin que nous puissions vous applaudir chaleureusement ; vous que je nomme toujours avec beaucoup de respect « nos grands aînés à qui nos générations doivent tant ! »
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A travers leurs inlassables témoignages, notamment auprès des scolaires, ces hommes aux parcours d’un courage, d’une endurance et d’une espérance extraordinaires nous montrent un chemin qu’il est de notre devoir d’adultes d’inculquer à nos enfants, à nos petits-enfants, aux élèves qui nous sont confiés, enfin à ceux qui seront la France de demain ; à l’image de ce que vous réussissez déjà de façon exemplaire Chère Mme Delphine BAYA avec vos prix de la Francophonie , ainsi que vous Chère Annie BOISSY-DEWERT avec le concours de la Résistance et de la Déportation !
En effet, et j’en finirais ainsi, rien ne pourra s’améliorer sans l’irremplaçable éducation familiale au quotidien, avec l’appui de vos élus de proximité qui impulsent des commémorations ou des hommages comme celui-ci ; aux côtés des enseignants dans une école qui se doit d’être à nouveau le creuset de la transmission des valeurs de notre République ; l’ensemble protégé par une Police respectée et dotée de moyens à la hauteur de ses missions.
Afin que toutes ces mises en œuvre nous permettent de préparer les générations à venir à faire face aux défis qui seront les leurs, dans un futur de liberté, d’égalité et de fraternité ! » Hervé BRUN 16 Juin 2018.