« Corsetée par l’idéologie communiste, la mémoire du sort des Juifs en Pologne – la destruction de trois millions d’entre eux et l’assassinat de ceux qui y avaient été acheminés – fut comme frappée d’amnésie jusqu’aux années 1980. Récemment, ce passé a ressurgi dans le débat public. La découverte du massacre de Jedwabne, bourgade de l’est du pays où, en juillet 1941, la population juive fut assassinée par la population polonaise, a suscité une introspection historiographique, politique et morale comparable au débat sur le régime de Vichy ou à la querelle des historiens allemands. Ce livre se fait l’écho des interrogations qui ont fait du « témoin polonais » une figure centrale dans la réflexion sur l’extermination des Juifs. Le témoin polonais assiste aux massacres perpétrés par l’armée allemande, informe les Alliés du génocide, prodigue de l’aide aux Juifs en fuite. Parfois il profite de leur situation, pour dépouiller, dénoncer ou assassiner. Issues de plusieurs rencontres franco-polonaises, les contributions de ce livre, notamment celles des historiens polonais, abordent, à partir d’archives rarement exploitées, des questions difficiles : la délation, le chantage, l’amertume des Justes, les assassinats de Juifs après la guerre et leur destin dans la Pologne populaire ».
Jean-Charles Szurek est directeur de recherche au CNRS – laboratoire d’analyse des systèmes politiques, université de Paris X-Nanterre. Annette Wieviorka, directrice de recherche au CNRS, est l’auteur de nombreux livres sur la mémoire de la Shoah.