IMG_7941A l’invitation de Monsieur Alain Sebban – Président du Consistoire Régional et de Monsieur Jack Fitoussi – Président de l’Espace Hillel le public se pressait pour assister à la pièce de théâtre « Ces mots pour Sépulture » d’après la vie de Benjamin Orenstein – Président de l’Amicale des Déportés d’Auschwtiz-Birkenau – mise en mots par son ami Jean Claude Nerson, puis mise en scène par Charlotte Jarrix. Un challenge réussi pour cette jeune femme guidée par le respect affectueux qu’elle porte à notre Président, dans une histoire qui n’était pas la sienne, et qu’elle avait découverte lors d’un premier voyage de la Mémoire.

Comment peut-on porter sur scène l’univers d’une telle tragédie à partir d’un sobre décor ?

des photos projetées en arrière-plan, un mirador, un châlit, des rails, un angle de baraquement des barbelés et, 20 comédiens de la Compagnie Intrusion interprétant, pour certains, jusqu’à 5 rôles différents ; un défi relevé par ces jeunes totalement investis par la vie de leurs personnages. Les musiques : instrumentales jusqu’à « la déshumanisation » à mi-pièce » A Auschwitz on pouvait même entendre en fond, les « plaintes des âmes ». Le final « Jérusalem d’Or » chanté, en hébreu, par les comédiens soutenus par une salle profondément émue et en totale communion ­d’esprit qui chante avec eux dans un élan spontané. Un partage d’une intensité inouïe qui parle aux cœurs et aux âmes. Un moment infini d’espérance comme un arc en ciel après l’orage.

Mais donnoIMG_7736ns la parole à Baptiste 13 ans, qui interprète Benjamin enfant. L’histoire de la seconde guerre mondiale n’est pas encore à son programme scolaire ; il dit : « au début c’était comme un film à la télé ; puis il y a eu les explications de Charlotte et ma rencontre avec monsieur Orenstein. J’ai mis du sens sur les mots et pris conscience d’une importante réalité » et sa voix d’enfant ajoute ; « plein de gens comme moi ne savaient pas, et la pièce fait exister les faits ».IMG_7841

L’émotion est à son comble lorsque Benjamin « notre » rescapé violemment ému et applaudi par la troupe monte sur scène. Il serre longuement Charlotte dans ses bras, et répète « merci, merci ….

Quelques réflexions du public

ces mots ... 7Norbert bouleversé confiera à Charlotte « qu’à 60 ans il n’avait pas eu de racines du côté paternel avant cette soirée et, combien il était étrange pour lui de rencontrer sa famille aux détours de la pièce ».
Gabrièle, allemande, venue tout exprès de son pays pour l’évènement dira combien le livre devenait réalité. Pour elle chaque instant était « une épreuve de sentiments forts ».
Jo, enthousiaste plébiscitait la pièce « qui devrait être connue de Tous… »

Présentation de la pièce tirée du livre de Benjamin ORENSTEIN «Ces mots pour sépultures»

par notre amie Simone CIZAIN

Mesdames, Messieurs Chers Amis

Car c’est bien la sympathie et l’amitié qui nous réunissent ce soir autour de monsieur Benjamin ORENSTEIN; pour découvrir ou redécouvrir, son histoire à l’occasion du soixante dixième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz.

Une histoire douloureuse rapportée par son ami Jean Claude NERSON – lui-même petit-fils de déporté, «mort pour la France» à Auschwitz – dans un livre « Ces mots pour Sépulture», qui restitue parfaitement les sentiments, éprouvés par les victimes : l’horreur incommensurable, la peur, la faim, le froid, les coups, les humiliations, la tentative d’avilissement de l’Etre Humain par les nazis.

Un livre que chacun d’entre nous se doit de lire, plus encore peut être, après les funestes évènements qui ont précipité les français dans la stupeur, avant de déclencher un immense mouvement de foule dans une marche mémorable qui portait tant d’espérance, ce 11 janvier 2015.

Après avoir été mis en mots, « Ces mots pour Sépulture » sont, ce soir, mis en scène par Charlotte JARRIX. A la suite de son premier « voyage de la Mémoire » organisé par l’Amicale des Déportés en 2007, et à la lecture du livre, la jeune femme a éprouvé le besoin de récupérer de «cette histoire hallucinante» en la mettant en scène. Sa façon à elle de dire à Benjamin son émotion devant sa souffrance et de reconnaître à travers elle, celle des six millions de martyrs.

Après avoir été Anne, pendant 5 années, dans le « Journal d’Anne Frank » ; avoir étudié la Shoah, et créé des liens privilégiés avec Benjamin, elle a pu ainsi « murir » le projet qui durant 8 ans, ne l’avait pas quittée.

Vous allez découvrir maintenant, une mise en scène inattendue de la vie d’un des derniers rescapés des camps de la mort, qui depuis des années, revient inlassablement sur les lieux de son supplice pour témoigner encore et encore, afin que nul n’oublie jamais.

Si cette représentation, qui affiche complet, est un appel aux consciences et à l’attention que nous sommes tous capables de nous porter les uns les autres ; il faut savoir qu’ elle est le résultat abouti d’une étroite collaboration entre le Consistoire Juif, l’Espace Hillel, la Compagnie Intrusion et vous tous cher public venu saluer l’immense courage d’un homme qui, dans sa simplicité aime à souligner que tout au long de ses longues années de déportation, le facteur« chance » l’a aidé à résister.

Vous allez aussi découvrir une nouvelle facette du talent de la Compagnie Intrusion, une troupe unie toujours attentive, passionnée et généreuse.

Ce soir lorsque vous quitterez cette salle vous serez devenus à votre tour « les témoins d’un témoin», un devoir qui, vous devez en prendre la mesure, vous engage à jamais.

Permettez moi de redire devant vous : l’affectueuse amitié que je porte à Benjamin, l’admiration que j’ai pour son action et, pour « l’humour» qu’il utilise parfois pour faire taire ses démons.

Benjamin reçois ici publiquement les remerciements de la Compagnie Intrusion, ceux de sa Directrice et ceux de sa Présidente pour l’accord spontané apporté au projet de cette pièce; une preuve de confiance inouïe dont elles te seront toujours reconnaissantes.

Dans une semi-confidence je voudrais plus personnellement saluer le travail de mise en scène, dans lequel Charlotte a mis toute son âme et redire mes félicitations et ma tendresse à ma petite fille ; en souhaitant à mes comédiens préférés d’être, une fois encore à la hauteur de leur enthousiasme.